SPECTACLES

À l’occasion du centenaire de sa mort, survenue le 26 mars 1923, la France a célébré dignement la mémoire de cette comédienne illustre, qui aura tant fait parler d’elle, de son vivant et après.

Ses Mémoires, dont on peut légitimement déplorer qu’ils soient inachevés – puisqu’il lui restait encore plus de quarante années à vivre lorsqu’ils se terminent –, frappent par la qualité incontestable de leur rédaction et tout le talent de conteuse de son autrice, qui se montre tour à tour drôle, sensible, émouvante, franche, honnête, juste, dans ses éloges et ses détestations, et sévère, même avec elle-même car elle ne s’épargne pas.

Elle s’avère aussi être une portraitiste surprenante et atteste ainsi d’un sens aigu de l’observation et d’une intelligence qui devaient servir à merveille ses interprétations au théâtre.

Ce long récit, qui fait revivre le Paris de la seconde moitié du 19 ème siècle et le monde artistique d’alors, est aussi le témoignage précieux et souvent bouleversant d’une femme de son temps sur tous les événements politiques qui ont secoué la France et l’Europe durant cette longue période d’instabilité et de chaos.

Quant à savoir pourquoi je me suis autorisé à lire publiquement cette autobiographie écrite par une femme, je répondrai que Sarah Bernhardt n’a pas hésité, durant sa longue carrière, à endosser plus d’une fois des rôles d’hommes, sans se soucier de ce qu’on pouvait en penser, et que ce texte est si jubilatoire à interpréter que je n’ai pu résister au plaisir de l’offrir à toutes celles et tous ceux qui sont venus l’écouter et qui ignoraient, pour la plupart, qui était vraiment cette femme exceptionnelle, pour laquelle j’ai une admiration renforcée par tout le temps que j’ai passé à la fréquenter en travaillant sur cet écrit.

William della Rocca